Les ailes grandes déployées
Avant la mort les oiseaux passent
Et tous les nuages jacassent
Dans cet ultime défilé
Qui silencieux dessous l’azur
Fait de l’ombre à notre agonie
Dessine la caricature
De nos derniers instants de vie
Un vol d’oiseau pour requiem
Le battement d’une aile en deuil
Poussé du souffle d’un je t’aime
Houle infinie brisant l’écueil
Et l’horizon qui s’en revient
Les yeux gonflés de désespoir
Laisse à l’orage de demain
Le chant feutré du vent du soir
Avant la mort avant la mort
Qu’existe-t-il encore ?
Avant la mort les oiseaux pleurent
Dans leur voyage solitaire
A regarder passer les heures
Des ridicules inventaires
Que nous dressons avec sérieux
Heureux malgré l’obsolescence
De nos souvenirs ambitieux
Déjà signes de déchéance
Sous le duvet abandonné
N’existe plus cette chaleur
Où toi et moi entrelacés
Nous désaltérant de sueur
Et nous repaissant de caresses
Ne faisions qu’un à coups d’amour
Aujourd’hui même la tendresse
Est une vague sans retour
Avant la mort avant la mort
Qu’existe-t-il encore ?
Avant la mort n’existent plus
Que quelques oiseaux de passage
Des mots anesthésiés et crus
Qu’on nous délivre par ruades
Alors qu’au ciel ourlé d’oubli
Vont les goélands de silence
Les ailes lourdes de l’ennui
Qui se superpose à l’absence
Et tout à coup les yeux se ferment
Ma bouche sous tes doigts est close
J’entends à peine tes je t’aime
Des mots lointains qui se sclérosent
La nuit se fait irréversible
Les rêves deviennent tourments
Tu m’es à jamais invisible
Et puis m’emporte le néant
Avant la mort avant la mort
Qu’existe-t-il encore ?