La nuit pleuvait sur Brugge en de brillantes larmes
Sous un ciel de douleur muette et oubliée
Un grand ciel étourdi et désarticulé
Un ciel rêvant en vain d’espace clair et parme
La nuit pleuvait sur Brugge et le temps immobile
S’échevelait tordu aux angles des façades
Aux créneaux des maisons aux trous noirs des arcades
D’où sourdaient les soupirs d’un silence tranquille
La nuit pleuvait sur Brugge et pleuvait sur mon cœur
En flaques résignées maussades et terribles
Tandis qu’un son lointain à moi seul perceptible
Me cerclait peu à peu d’une étrange langueur
Etait-ce de mon âme un écho de l’enfance
Où l’un de ces vieux songes que je fais en Flandre
Quand la nuit vient sur tout glisser et se répandre
Est-ce le battement des ailes en cadence
Quand vient à moi la barque des anges maudits
Qui meurent en sanglots quand Brugge est endormie Qui meurent en sanglots quand Brugge est endormie